« À Lens, il était plus souple » : comment Franck Haise a importé sa méthode à Nice et l’a adaptée aux caractéristiques du Gym

En huit mois à Nice, Franck Haise, l’ancien entraîneur de Lens, a su imprégner ses idées à l’équipe azuréenne. En apportant quelques ajustements par rapport à sa période Sang et Or.
Franck Haise donne ses conseils à Jonathan Clauss lors du succès niçois au Havre (3-1) le 16 février. (Daniel Derajinski/Icon sport)
Antoine Maumon de Longevialle à Nice
Du spectacle et des buts, des victoires mais aussi de la vie. En passant de Francesco Farioli à Franck Haise l’été dernier, les dirigeants niçois avaient misé sur un autre football que celui, très patient, prôné par le technicien italien. Épaulé par un staff très proche de celui qu’il avait à Lens, Haise a-t-il recréé une équipe identique au RCL qu’il avait mené en Ligue des champions ? En grande partie. Mais avec certaines adaptations.
« La première chose qui différencie les coaches, ce sont les intentions, quand on a le ballon et quand on ne l’a pas, et comment sont conditionnés les joueurs », pose Alexandre Pasquini. Adjoint en charge de la vidéo à Lens, il a suivi Haise à Nice pour y occuper le même poste.
Sur ce conditionnement, les bases n’ont pas changé. « Franck veut une équipe qui soit entière et mette beaucoup d’énergie et d’envie, développe Pasquini. Il répète souvent qu’il peut accepter les erreurs techniques et les mauvais choix. Il veut mettre les joueurs en confiance, pour qu’ils soient libérés. Mais la débauche d’énergie, c’est non négociable, c’est l’élément central du projet de jeu. »
Une bonne dose de pragmatisme
Sans ballon, Nice est une équipe proactive, comme son Lens, sans tomber dans un pressing incessant comme ce qui est pratiqué à quelques kilomètres de là, à Monaco, avec Adi Hütter. En phases de possession, « les intentions sont d’avoir une maîtrise, décrit Pasquini. D’être capable, même si l’adversaire nous presse, de trouver des positions, des joueurs libres, et de continuer à jouer. Aussi bien court que long. Les matches vont faire qu’on s’adapte. » Cette dose de pragmatisme s’est aussi vue dans les choix de système de jeu
Alors que Haise avait construit ses succès à Lens sur un schéma en 3-4-2-1 presque inamovible, Nice a varié au cours des mois. « Ce système-là est quelque chose d’ancré en lui, reconnaît Pasquini. Il sait ce qu’il veut avec, il le connaît par coeur. Mais il ne va pas foncer dans le mur. Les événements (les très nombreuses blessures de l’automne) ont fait qu’on a changé de système parce que notre effectif nous poussait à le faire, comme cela a pu être le cas à Lens sur une série de trois matches (en mars 2023, pour répondre à l’absence de Facundo Medina). »
« On a plus de joueurs qui sont dans la verticalité, donc on a encouragé certaines choses qui font qu’on a moins de séquences de passes qu’à Lens »
Alexandre Pasquini, adjoint en charge de la vidéo à Lens avec Franck Haise et qui l’a suivi à Nice
« Là où les intentions ont changé, c’est surtout sur les postes offensifs, parce qu’on a beaucoup plus de joueurs de percussion ici, reprend l’analyste. À Lens, on avait plus de joueurs de passes : Fulgini, Pereira da Costa, Flo’ Sotoca. Ici, on a Evann Guessand, “Momo” (Mohamed-Ali) Cho, Jeremie Boga. On a plus de joueurs qui sont dans la verticalité, donc on a encouragé certaines choses qui font qu’on a moins de séquences de passes qu’à Lens ; on a plus de verticalité et plus de largeur, plus de touches de balle, de joueurs qui portent le ballon. »
« Ce groupe-là a besoin d’être un peu plus poussé que celui que j’avais à Lens »
Franck Haise
Et dans son management, Haise a-t-il évolué en changeant de club ? Jonathan Clauss était à l’OM les deux dernières saisons mais c’est sous ses ordres qu’il avait explosé à Lens, de 2020 à 2022. « À 90 %, il est resté le même, observe le latéral international. Il est toujours souriant, à l’écoute… Il a gardé toutes les qualités qu’on lui prête et qui sont vraies. Mais il est encore un peu plus hargneux, derrière nous sur les détails. Il l’était déjà avant, mais il a encore passé un cap là-dessus. Je pense que l’expérience et l’exigence de la Ligue des champions lui ont beaucoup servi. À Lens, il était plus souple sur certaines erreurs à l’entraînement, sur certains comportements, comme quand on était fatigués. Là, il remet un coup derrière en étant positif : “Vas-y, pousse encore, ça va passer, et si ça ne passe pas, c’est de ma faute” ».
« La première chose, c’est que ce groupe-là a besoin d’être un peu plus poussé que celui que j’avais à Lens, commente Haise. La deuxième, c’est que – même si je croyais beaucoup dans les joueurs que j’avais à Lens – je crois beaucoup dans les joueurs que j’ai à Nice, et je les pense encore capables d’élever le niveau. Les limites individuelles et collectives, on ne les a pas encore franchies. »